3 phases

Détecter
Voir, regarder, mesurer… des actions qui restent de la responsabilité du montagnard, qui vont l’aider à mieux décider, et surtout à progresser au cours de sa vie au sein des pentes enneigées.
La démarche Cristal recommande de se focaliser sur les « 6 paramètres à surveiller », qu’il nous appartient d’évaluer (à l’exception de l’indice de risque, imparfait mais dont il serait dommage de se priver). Les moyens de détection de ces paramètres sont variés, plus ou moins facilement accessibles en fonction de l’étape de la démarche. Certains passent par la recherche d’éléments avec des moyens indirects (témoignages d’observateurs locaux, informations disponibles sur la toile). D’autres sont à rechercher sur le terrain (avalanches récentes, dernières accumulations de neige, couche fragile enfouie…).
C’est ce qui fait une des singularités de la démarche Cristal : nous sommes le spécialiste sur place, doué de capacités d’observation, puis d’analyse et de décision. L’objectif de la phase de détection est de ne pas passer « à côté » d’éléments déterminants. Quel dommage après un accident d’entendre dire « j’avais bien vu que c’était un peu raide, mais je ne pensais pas tant… » ou « je n’imaginais pas que de telles épaisseurs de neige soient mobilisables » ou encore « je n’aurais pas cru qu’une couche fragile permette un déclenchement à distance ». La finalité, à ce moment-là, est d’identifier a priori si un ou plusieurs des 6 paramètres doivent conduire à se placer dans l’un des modes qui ne soient pas « détendu ». C’est-à-dire que je devrai avoir un comportement approprié à un mode « méfiant », « alerté » ou « hasardeux ».
Cette phase de détection peut paraitre triviale au premier abord. Elle ne l’est plus lorsque l’on doit évaluer chacun des paramètres techniques. « Les avalanches observées me donnent-elles une indication sur l’endroit où je suis ? », « La couche fragile identifiée est-elle efficace ? », « la surcharge nouvelle est-elle de nature à provoquer de grandes avalanches, ou seulement des petites ? », etc.

Analyser
Nous avons tenté d’établir des règles pour conduire automatiquement de la phase de détection à la phase de décision. Le travail est en cours avec des universitaires. Les résultats ne sont pas encore robustes, et il n’est pas certain que l’intelligence artificielle nous aide significativement. Le bon sens et des observations lucides, en revanche, peuvent mener très facilement à une bonne décision. C’est ce qui nous convient dans la démarche Cristal. Les décisions sont simples. En tous cas, elles peuvent facilement être expliquées et discutées, sur la base des paramètres détectés et évalués.
Encore pour un moment semble-t-il, ce sont les capacités humaines d’apprentissage, d’analyse et de décision qu’il faut développer, pour circuler avec davantage de sérénité et de sécurité en montagne.
Les automates, quant à eux, restent des outils formidables pour donner accès aux informations utiles (Synthesis).
Les « facteurs humains » sont cités dans la démarche pour mémoire. C’est la force interne qui règne sur toutes nos décisions. Celle qu’il convient souvent de rectifier, ici avec les facteurs techniques détectés, évalués, puis analysés (les 6 paramètres).
La détection et l’évaluation des 6 paramètres techniques est à la base de la démarche Cristal. Dans un monde standardisé, ils suffiraient à décider automatiquement du comportement à adopter. Toutefois, c’est dans une nature complexe que nous nous déplaçons, souvent avec des compagnons… eux aussi complexes. Alors une phase d’analyse est toujours indispensable. Quelques exemples.
- Plusieurs des 6 paramètres sont « au rouge » : l’épaisseur de neige nouvelle approche 40 cm, des avalanches récentes ont été observées dans le secteur et l’inclinaison de la pente dépasse 30°. La décision serait logiquement d’opter pour un autre projet (mode hasardeux). Seule l’analyse de l’environnement peut conduire à argumenter de façon factuelle un comportement correspondant au mode « alerté » (réduction du risque) : il n’y a pas de piège topographique aggravant (falaise, obstacles contondants, etc.), la pente en question s’était purgée juste avant la dernière chute de neige, les skieurs sont à la descente et d’excellent niveau, ils sont parfaitement avertis et équipés.
- Plusieurs paramètres sont « au vert » : la pente où je suis est d’inclinaison inférieure à 30°, il n’y a pas de surcharges récentes et aucune avalanche récente n’a été signalée. Avec le réchauffement en cours, le mode « méfiant » pourrait être suffisant (je vais éviter les pentes d’inclinaison supérieure à 30° en train de réchauffer dangereusement). Toutefois, c'est l'analyse de l'environnement qui m'amènera quand même à une réduction de risque (mode alerté) si par exemple nous sommes à la montée (peu agiles), les pentes au-dessus prennent le soleil et il faut traverser au-dessus d’un ruisseau.
L’analyse correspond à la prise en compte de l’environnement topographique, nivologique et humain, au-delà des 6 paramètres détectés et évalués en première approche. Il s’agit de prendre en compte une complexité qui ne peut être appréhendée que par notre intelligence et notre capacité d’observation, encore hors de portée des automates. En aucun cas il n’est question d’intégrer un quelconque « ressenti » inexpliqué.

Décider
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